C’était il y a quelques ann��es à la Biennale de Dakar. La galeriste Cécile Fakhoury  découvrait le travail de Sadikou Oukpedjo. Aujourd’hui, elle présente pour la première fois une exposition personnelle de l’artiste togolais à Abidjan. L’exposition « Anima » sera présentée jusqu’au 11 juin à la Galerie Cécile Fakhoury.
 
Vue de l’exposition « Anima » du 15 avril au 11 juin 2016 à la Galerie Cécile Fakhoury – Abidjan © Sadikou Oukpedjo – Courtesy de la Galerie Cécile Fakhoury
Quand je rencontre Sadikou Oukpedjo, il est en train d’installer, avec l’aide d’une petite grue, une immense sculpture en bois dans le jardin de la galerie. Pas tout à fait facile, car sur la pelouse molle, la sculpture refuse de se placer de la même manière que dans son atelier. Un coup d’œil à l’intérieur révèle des dessins au pastel sur papier, de grandes toiles et des sculptures en céramique.
Né en 1975 à la petite ville de Kétao au nord-est du Togo, Sadikou Oukpedjo commence à sculpter au collège. Déjà passionné par le dessin, son professeur d’art l’encourage à se mettre à la sculpture. À 23 ans il rentre à atelier de Paul Ahyi, qui est un maître de la sculpture et l’un des pionniers de l’art contemporain au Togo. Le jeune artiste y suit une formation en peinture, sculpture et céramique.
 
Métamorphose #5, 2016 Pastel sur papier, 51 x 65 cm © Sadikou Oukpedjo Courtesy de l’artiste et de la Galerie Cécile Fakhoury – Abidjan
En 2002 il expose pour la première fois, au Centre Culturel Français à Cotonou. D’autres expositions, comme en Angleterre, au Sénégal ou au Nigéria, suivent. En 2013, Sadikou Oukpedjo s’installe en Côte d’Ivoire, où, comme il dit, « il y a un peu plus d’ouverture et de visibilité sur le plan artistique » que dans d’autres pays de la région comme le Togo ou le Mali, pays de ses lointaines origines.
Un jour, encore au Togo, il a une révélation. C’est le jour de Tabaski, quand il voit pour la première fois dans sa vie un boeuf pleurer. Depuis ce moment-là il commence à se poser des questions. « Dans l’islam on dit qu’il sont heureux qu’on les tue pour la Tabaski. Mais s’il est heureux, pourquoi il pleure? ». Il se met donc à travailler sur la relation entre l’homme et l’animal. Comme il explique, au cours du temps, l’homme a perdu la conscience sur son origine animale et a commencé à ignorer la manière dont il traite l’animal.
Embryonnaires #5, 2015 Technique mixte sur toile,100 x 100 cm © Sadikou Oukpedjo Courtesy de l’artiste et de la Galerie Cécile Fakhoury – Abidjan
« Anima », comme s’intitule son exposition actuelle à la Galerie Cécile Fakhoury, parle de cette conscience. C’est un travail sur le corps et le souffle de l’esprit. Sur l’homme et l’animal et le moment de leur séparation. En regardant les œuvres, le spectateur se demande forcement s’ils présentent des animaux ou des hommes. Mais c’est ni l’un, ni l’autre. On trouve des créatures avec un nez et une bouche humaine, mais avec un crâne d’animal.
L’art, pour les artistes, est une manière d’exprimer leurs sentiments, dit Sadikou Oukpedjo. Quant à lui, par ses œuvres, il souhaite prendre conscience aux gens. « Prendre conscience à l’homme, qu’à la base il est animal. »
 
 
Tanja Schreiner

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